Rodier et L'Alphart

La célébrité d'Yves Rodier dans le milieu des Tintinophiles vient surtout de son travail sur L'Alph-art. Plusieurs auteurs se sont lancés dans l'aventure (voir le dossier complet) mais c'est la version d'Yves Rodier que les collectionneurs recherchent en premier. Immédiatement après la publication des esquisses d'Hergé par Casterman en 1986 une version de médiocre qualité, Ramo Nash, était vendue plus ou moins derrière le comptoir dans quelques librairies comptoir dans quelques librairies.
Quelques mois après Yves Rodier à 17 ans prenait à son tour ses outils pour s'attaquer à "sa" version de l'album inachevé. Armé de beaucoup de patience, il travailla pendant 5 ans à l'achèvement du dernier récit d'Hergé. La qualité était enfin au rendez vous.

Yves Rodier : " A la parution du recueil de croquis en 1986 chez Casterman, un de mes frères, mal renseigné, m’annonce que le dernier Tintin venait de paraître, terminé par Bob de Moor. Après de longues recherches j’ai appris la vérité. Sans me douter des conséquences, j’ai pris la décision de le réaliser moi-même l’achèvement de cet album. Et cela « pour mon seul et égoïste plaisir » comme disait Hergé. Je vis bientôt le boulot incroyable que cela représentait ! Au bout de deux ans, insatisfait du résultat et cherchant à me perfectionner, j’ai demandé conseil à Bob de Moor. Celui-ci, d’une gentillesse incroyable, me conseilla sur l’équipement et sur le technique employés par Hergé, tout en m’avertissant que jamais la Fondation Hergé n’autoriserait la publication de mon travail. Malgré cela, je poursuivis mon premier but, terminer l’album, ce que beaucoup jugeaient insensé. Trois années plus tard, j’ai eu l’extrême plaisir de rencontrer Monsieur Bob de Moor à Montréal et je lui ai ainsi présenté mon travail terminé. Je crois qu’il le jugea de qualité car il me proposa alors de redessiner ma version de l’histoire avec sa collaboration, si la Fondation nous le permettait. Bien entendu, la réponse fut un « non » catégorique. Le projet en est resté là. Cependant j’ai décidé de me servir de ma réalisation comme carte de visite. A la demande de quelques collectionneurs, j’ai réalisé quelques albums que j’au eu le plaisir de leur offrir ou de leur échanger."


Edition 1992
60 exemplaires

Récemment Yves Rodier nous donna quelques précisions sur ses éditions limitées :: "il existe une bonne soixantaine d'exemplaires de la version cartonnée - que j'ai donnés ou échangés à des amis (...) - et 9 exemplaires de la version brochée. Le mien est dédicacé par Bob De Moor ! Nous étions devenus amis en 1991, quelques mois avant son décès... Nous avions le projet (utopique, comme il le disait lui-même !) de reprendre ma version ensemble. Bob voulait même contacter Greg pour revoir le scénario!"

En 1995 un exemplaire va atterrir dans une vente aux enchères en Suisse et atteindre une somme démesurée. L’album tant désiré des tintinophiles devenait sous le coup de marteau du commissaire un  objet culte. Le mythe était né. Pendant de nombreuses années l'album restera pourtant dans l'ombre. Pendant ce temps une autre version décevante graphiquement (pirate celle -là) circulait dans quelques librairies : la version de Ramo Nash. Mais personne ne savait à quoi ressemblait celle d'Yves Rodier en dehors d'une poignée de collectionneurs qui gardaient assez bien le secret. Mais tout à une fin et l'avénement d'internet allait propulser cet alph-art tant recherché dans les ventes aux enchères en ligne. La première version dépassa plusieurs centaines de $ sur Ebay. Quelques mois plus tard un libraire belge fit imprimer plusieurs centaines sans avertir Yves Rodier. Le prix de vente 40€. Des exemplaires arrivent alors sur Ebay et les prix ne grimperont pas beaucoup. Entre temps cette version pirate a été numérisée et les premiers colorieurs vont tenter d'aller encore plus loin dans la finition.

Yves s'est toujours défendu d'être un pirate : Je ne suis pas un pirate ! Toute la différence réside dans l'intention et l'attitude. Moi j'ai toujours aimé Hergé et je n'ai jamais eu l'intention de le piller ou de dénaturer son oeuvre ! Un pirate pense avant tout à l'argent et se moque bien souvent de l'oeuvre originale. J'ai toujours voulu inscrire ce projet dans la légalité c'est d'ailleurs pour cela que je l'ai présenté à la Fondation Hergé. On connaît la suite... En tout cas je n'ai jamais été dans l'ombre.


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Version Deluxe 1998
12 exemplaires

Couverture en cuir noir


Yves rodier n'est pas le seul a tenter la finition de l'Alph-art mais peu arriveront jusqu'au bout. On connaît 3 versions pour le moment. En revanche ceux qui ont tenté de faire quelques planches sont beaucoup plus nombreux ! Mais tout le monde ne peut pas se glisser dans la peau d'un Hergé. Pas facile à cette époque d'impressionner Yves Rodier.
Pourtant cela arrivera lorsque ce dernier regarda les planches de Régric, un autre québécois : ."Pour être franc, j'ai extrêmement honte de ma version de l'Alph-art... D'ailleurs, quand Stéphane Steeman m'a fait découvrir la version de la planche 3 par Régric en 1995, j'ai eu envie de recommencer la mienne en restant le plus fidèle possible au crayonné d'Hergé... " Du coup Yves replongea dans l'Alph-art pour au moins une planche !

 



Les "remakes" de Rodier pour la page 3

 

 


Le roi du pastiche
Les illustrations
L'Alph-art
Reporter pigiste au XX
Le lac de la sorcière
Les autres planches
Un Jour dans un aéroport
Thermozéro
Tintin au Tibet
Le Lac aux requins

Hors textes
 

1995 : la version "Hommage" de Rodier ( 15 exemplaires) celle qui sera piratée à plusieurs centaines d'exemplaires
 
Voir aussi le dossier Alph-art et les autres versions pirates
En 2000 une version recyclée a été éditée en Belgique à plusieurs centaines d'exemplaires. Par ailleurs toutes les pages ont été numérisées et diffusées sur Internet. Des versions coloriées ont été réalisées entre 2000 et 2003